Bel amorce un virage vers l'emballage en papier : quels défis pour l'emballage alimentaire ?

Le groupe Bel, connu pour des marques emblématiques comme Kiri, La Vache qui rit et Boursin, annonce un changement stratégique majeur : remplacer ses emballages en aluminium par des solutions en papier recyclable ou biodégradable. Une initiative qui s'inscrit dans une transformation profonde de l'industrie de l'emballage alimentaire, avec des défis techniques et économiques significatifs.

L'utilisation de l'aluminium, courante dans les emballages alimentaires, repose sur ses qualités de légèreté, de résistance et de conservation. Toutefois, son coût environnemental pousse les industriels à envisager des alternatives durables. Pour le groupe Bel, cette transition s'incarne dans un projet phare : le lancement d'un emballage en papier recyclable pour les portions de fromage Kiri.

Pour Cécile Beliot, directrice générale de Bel, ce virage s'inscrit dans une réflexion plus large sur l'avenir du modèle alimentaire face aux défis démographiques et climatiques : « Nous devons franchir un Everest alimentaire pour nourrir 10 milliards d'habitants d'ici 2050. »

Après quatre années de recherche et développement, ce nouveau packaging sera testé auprès des consommateurs dès 2025, pour un déploiement envisagé à partir de 2026. Ce matériau devra répondre à des exigences strictes en matière de protection des aliments contre l'humidité, la chaleur et les variations de transport, tout en offrant une expérience utilisateur comparable à celle de l'aluminium.

Passer au papier implique de profonds changements dans les chaînes de production. Les machines actuellement utilisées dans l'industrie laitière, conçues pour manipuler l'aluminium, doivent être repensées. Bel prévoit d'investir plusieurs dizaines de millions d'euros pour développer des équipements adaptés, capables de traiter le papier à grande échelle tout en conservant des cadences industrielles optimales.

Le centre mondial de recherche et développement de Bel, situé à Vendôme (Loir-et-Cher), joue un rôle central dans cette mutation. Ce site, qui fête ses trente ans en 2024, accueille plus de 100 projets de recherche chaque année et bénéficiera d'un investissement de 7,5 millions d'euros sur trois ans pour accélérer ces innovations.

Avec des projets comme le remplacement de l'aluminium par du papier ou la distribution en vrac, Bel anticipe des attentes croissantes en matière de responsabilité environnementale. Ces initiatives s'accompagnent toutefois de contraintes industrielles, financières et sociales, qui devront être relevées pour garantir leur succès.

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