Le groupe Téma, spécialisé dans les publications thématiques telles que le transport, l'agriculture et le social, a progressivement été fragilisé par plusieurs problèmes structurels et stratégiques. Ces obstacles se sont accumulés, menant à la liquidation de plusieurs de ses filiales.
Dès le début des années 2020, le groupe Téma a tenté de se positionner sur le digital, conscient du déclin progressif de la presse papier. Cependant, la mise en œuvre de sa stratégie a souffert de retards majeurs. François Grandidier, fondateur et dirigeant du groupe, a admis : « On a mis trop de temps à déployer notre projet de mutation complète des médias. » Les projets de création de portails numériques, destinés à réunir plusieurs titres sur des thématiques transversales, n'ont jamais atteint leur plein potentiel.
L'effondrement des abonnements papier, accéléré par la pandémie de Covid-19, a mis en lumière l'inadaptation des structures de Téma. Comme l'a expliqué Antonin Amado, ancien rédacteur en chef des ASH : « Les habitudes de lecture évoluent, et partout où nous n'avons pas été assez vite sur la digitalisation des titres, nous avons des baisses de chiffres d'affaires. »
Le tribunal de Metz a ordonné la liquidation de la holding et des filiales comme Média et Jardin, Média et Agriculture et Agri Terroir Communication. Ces sociétés, éditrices de titres tels que Cultivar et Jardineries, employaient 80 permanents et plusieurs pigistes. Les conséquences humaines, estimées à près de 100 ETP, soulèvent des questions sur la pérennité de tels modèles d'affaires dans un contexte économique difficile.
Certaines filiales, comme ASH Publications et Supply Chain Magazine, ont été reprises par Alaloop Media, présidée par Antonin Amado, ancien rédacteur en chef des ASH, et dirigée par Fabrice Auclert, co-fondateur de la société Eureka Presse (éditrice de BasketUSA.com, Futura-Sciences, l'Internaute, Sciences & Vie et Auto Plus). En revanche, d'autres titres spécialisés, tels que Culture légumière ou L'Officiel des Transporteurs, se retrouvent sans perspective d'avenir. Cette situation soulève des questions sur la viabilité des publications ultra-spécialisées face à l'emprise des grands acteurs du contenu numérique.