Dans son étude intitulée « Emballages alimentaires pas si sûrs ni si verts », l'association CLCV s'en prend aux emballages papier-carton, notamment ceux fabriqués à partir de fibres recyclées. L'étude dénonce une supposée migration de substances chimiques issues des encres ou des fibres, ainsi que des problèmes de recyclabilité. Elle critique également un prétendu vide réglementaire concernant les emballages en contact avec les aliments.
Ces conclusions s'accompagnent d'un plaidoyer pour l'abandon des emballages en fibres au profit de solutions réutilisables ou zéro déchet. Cependant, les affirmations de la CLCV ont été contestées par le Comité français de l'emballage papier-carton (Cofepac), représentant les principaux acteurs de la filière.
Un cadre réglementaire strict et des contrôles rigoureux
Contrairement aux accusations de la CLCV, le Cofepac rappelle que les emballages en fibres destinés au contact alimentaire sont soumis à des réglementations précises, tant en France qu'en Europe. Ces textes imposent des seuils stricts de migration pour les composants chimiques et des obligations de résultat pour garantir la sécurité sanitaire des consommateurs.
« Il n'y a pas de vide réglementaire », affirme le Cofepac, en soulignant que ces normes, régulièrement mises à jour, reposent sur des contrôles rigoureux par les autorités sanitaires. Les résultats de l'étude de la CLCV montrent d'ailleurs, selon le Cofepac, une absence ou une très faible migration des composants préoccupants, souvent bien en deçà des seuils imposés.
Des méthodologies et conclusions jugées insuffisantes
Le Cofepac critique également la méthodologie utilisée par la CLCV, basée sur un faible nombre de tests, qui ne permet pas de tirer des conclusions généralisées sur l'ensemble des emballages en fibres. Deux cas spécifiques sont pointés par l'association, mais un seul concerne un emballage en carton, et le test réalisé ne répondrait pas aux exigences réglementaires en vigueur.
Par ailleurs, le Cofepac souligne que plusieurs des emballages incriminés dans l'étude étaient fabriqués à partir de fibres vierges et non recyclées, ce qui contredit les accusations liées à la fibre recyclée. Ces erreurs affaibliraient la crédibilité de l'étude.
La recyclabilité et le réemploi au cœur des débats
L'étude de la CLCV remet également en question la recyclabilité des emballages papier-carton. Le Cofepac défend l'écoconception de ces emballages, conçus pour être recyclés plusieurs fois. Les fibres recyclées sont strictement contrôlées et leur usage est encadré par des obligations réglementaires.
Sur la question du réemploi, le Cofepac se montre plus nuancé que la CLCV. Plusieurs analyses de cycle de vie (ACV) montrent que le réemploi n'est pas systématiquement plus vertueux que l'usage unique, notamment à cause des impacts environnementaux liés au lavage et à la logistique. « Chaque cas doit être étudié selon les spécificités de l'emballage et de son utilisation », rappelle le Cofepac.
Le besoin d'une meilleure information pour les consommateurs et les entreprises
Au-delà des critiques, le Cofepac appelle à un travail de pédagogie pour mieux informer les consommateurs et les entreprises sur les enjeux environnementaux et réglementaires des emballages en fibres. L'organisme regrette notamment le manque de sensibilisation des pouvoirs publics depuis l'adoption de la loi AGEC, qui aurait pu accompagner les acteurs économiques dans une transition plus claire et plus encadrée.
Les fabricants d'emballages papier-carton poursuivent leurs efforts pour supprimer les allégations environnementales abusives et améliorer la recyclabilité des emballages. Un comité dédié aux allégations environnementales a d'ailleurs été créé au sein du Conseil national de l'emballage pour soutenir les entreprises dans leurs démarches.