La transition numérique continue de bouleverser le paysage de la presse. Dans ce contexte, la direction des Échos a commandé une étude approfondie, à la demande de son propriétaire, LVMH, selon le site d'information L'Informé. L'objectif était d'analyser les répercussions d'un arrêt de l'édition papier selon deux échéances : 2025 ou 2028.
La moitié des ventes publicitaires concentrée sur le papier
Le scénario de 2025, le plus proche, soulève des questions majeures. Avec 21000 abonnés papier et 4400 exemplaires vendus par jours en kiosque en 2024, l'édition imprimée reste une source de revenus significative. L'étude pointe que la suppression immédiate de cette édition entraînerait une perte d'un quart des ventes globales. À cela s'ajoute l'impact publicitaire, puisque la version papier concentre encore la moitié des dépenses des annonceurs.
Une dépendance persistante à la publicité imprimée
Malgré la montée en puissance des abonnements numériques (80 340 recensés en 2024), le modèle économique des Échos repose encore fortement sur la publicité liée à son support physique. Les économies sur les coûts d'impression et de distribution ne compenseraient pas les pertes publicitaires à court terme. En 2024, le journal a enregistré un déficit de 3 millions d'euros, aggravé par cette dépendance.
Dans l'hypothèse d'un arrêt en 2028, les projections sont plus optimistes. La baisse attendue de la diffusion papier d'ici là pourrait réduire l'impact économique de cette transition. Toutefois, cela suppose que les recettes publicitaires migrent efficacement vers le numérique, une hypothèse encore incertaine selon les analystes.
Des enjeux techniques et organisationnels
L'arrêt de l'édition papier ne se limite pas à une question financière. Il pose également des défis opérationnels, notamment en termes de gestion des abonnements et de restructuration des équipes. Le groupe Riccobono, qui imprime les exemplaires actuels, pourrait être concerné par des répercussions sur l'emploi et la logistique.
Par ailleurs, un basculement vers le tout numérique nécessiterait une optimisation des infrastructures digitales. Cela inclut la performance des plateformes de lecture, la fidélisation des abonnés et le développement de formats adaptés aux attentes des lecteurs numériques.
Une décision qui reste en suspens
Pour l'heure, le PDG Pierre Louette a déclaré à L'Informé que l'arrêt de l'édition papier "n'était pas une option" dans les conditions actuelles. Cependant, cette réflexion marque un tournant pour le groupe, qui anticipe les évolutions d'un marché en mutation, où des titres comme La Tribune en 2012 ou 20 Minutes en septembre 2024 ont déjà abandonné le papier.