La fin du courrier postal au Danemark : une tendance européenne inéluctable ?

La poste danoise mettra fin à la distribution du courrier à partir de 2026, une décision qui marque un tournant pour le secteur postal en Europe. Face à la numérisation croissante, de nombreux opérateurs postaux sont contraints de revoir leur modèle économique. L'Allemagne suit une trajectoire similaire, avec une restructuration massive de Deutsche Post. En France, la baisse constante des volumes de courrier pousse à une augmentation régulière du prix du timbre pour compenser les pertes. Cette évolution remet en question l'avenir du service postal universel.

Au premier janvier 2026, PostNord cessera d'acheminer le courrier au Danemark pour se concentrer sur la logistique des colis. Cette décision radicale s'inscrit dans un contexte de déclin massif du volume de lettres échangées. En vingt ans, le nombre de courriers distribués dans le pays a chuté de plus de 90 %, atteignant un seuil critique de six lettres par habitant en 2024. Ce changement entraîne la suppression de 1 500 emplois sur 4500 postes et pose la question de la viabilité du service postal universel dans un monde où la communication numérique domine.

La numérisation, un accélérateur du déclin

La transition vers le tout-numérique a été particulièrement rapide au Danemark, notamment sous l'impulsion de l'État qui a massivement encouragé l'usage du numérique pour les communications administratives. Parallèlement, la suppression de l'obligation de service universel pour PostNord a accéléré le mouvement, laissant le champ libre à la concurrence privée. Le distributeur DAO a déjà repris une partie de la distribution pour les services publics et pourrait élargir son offre aux particuliers.

Une tendance qui touche toute l'Europe

Le Danemark n'est pas un cas isolé. Deutsche Post, l'opérateur historique allemand, a annoncé la suppression de 8 000 emplois pour réduire ses coûts face à la chute des volumes de courrier. En Allemagne, la digitalisation des services administratifs et des communications d'entreprise a entraîné une baisse continue du courrier postal, forçant l'opérateur à revoir son modèle économique. Comme PostNord, Deutsche Post mise sur le secteur de la logistique des colis, en forte croissance avec l'explosion du commerce en ligne. Cette mutation du secteur postal pose la question du financement du service universel, qui repose de plus en plus sur les revenus des colis et les subventions publiques.

La France connaît une évolution similaire. En 2008, 18 milliards de lettres étaient distribuées dans le pays. En 2024, ce chiffre est tombé à 6 milliards, soit une diminution annuelle moyenne de 6 à 8 %. Pour compenser cette baisse, La Poste augmente régulièrement le prix du timbre, avec une hausse annuelle moyenne également située entre 6 et 8 %. Cette stratégie permet de stabiliser le chiffre d'affaires malgré la chute des volumes, mais pose la question de la soutenabilité à long terme pour les usagers et les entreprises.

Quel avenir pour le courrier postal en Europe ?

La disparition progressive du courrier papier semble inéluctable face à l'essor des solutions numériques. La question centrale reste celle de l'accessibilité pour les populations les plus vulnérables, notamment les personnes âgées. Tandis que certains pays adaptent leurs modèles en libéralisant le marché, d'autres maintiennent un cadre plus rigide. L'évolution des réglementations et des attentes des consommateurs déterminera à quel rythme cette mutation se poursuivra dans les années à venir.

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