Le secteur papetier européen fait face à une nouvelle incertitude avec l'annonce par l'administration américaine de tarifs douaniers de 25 % sur certains produits importés de l'Union européenne. Selon la Cepi, l'organisation représentant l'industrie européenne des pâtes et papiers, ces mesures pourraient entraîner d'importantes perturbations pour un marché qui repose sur des flux commerciaux réguliers entre les deux continents.
Un secteur exposé à des coûts accrus
L'Union européenne exporte chaque année environ 1,6 million de tonnes de papier et de carton vers les États-Unis. À l'inverse, elle importe près de 900 000 tonnes de pâte américaine, selon les chiffres de Cepi. L'application de droits de douane risque donc d'augmenter le coût des matières premières pour les fabricants européens, tout en rendant leurs exportations moins compétitives.
Tony Smurfit, directeur général du géant de l'emballage et du papier Smurfit WestRock, a déclaré au micro de The Irish Times que ces mesures constituent une menace pour les usines mexicaines du groupe ainsi que son site canadien, ce qui concerne entre 3 000 et 4 000 salariés.
L'Europe prépare sa riposte
Face à cette escalade, la Commission européenne a lancé une consultation visant à déterminer les produits américains qui pourraient être soumis à des mesures de rétorsion. La liste sera soumise aux États membres jusqu'au 26 mars, avec une application possible à la mi-avril. L'objectif, selon la Commission, est de réagir de manière "proportionnée" tout en préservant les intérêts des industries européennes.
L'impact sur les secteurs stratégiques
Les conséquences des tarifs ne se limiteraient pas au secteur papetier. L'industrie pharmaceutique, qui utilise de nombreux emballages en carton, pourrait également être touchée.
Jori Ringman, directeur général de Cepi, regrette cette tournure des événements. "Ce n'est pas seulement une question de compétitivité de notre secteur, c'est aussi une question d'approvisionnement en produits d'hygiène de base, de travailleurs d'usines de l'UE et des États-Unis qui perdent leur emploi, et des répercussions sur le large éventail de secteurs utilisant des emballages en papier des deux côtés de l'Atlantique", a-t-il expliqué dans un communiqué.
Tony Smurfit a également mis en garde contre les effets d'entraînement sur d'autres segments de l'industrie de l'emballage, qui pourrait concerner aussi bien le carton alimentaire en Italie que l'emballage de champagne en France.
Jori Ringman, quant à lui, appelle à une reprise rapide des discussions afin d'éviter une rupture des chaînes d'approvisionnement et une perte d'emplois dans l'industrie.